“Tel Vendredi, tel Dimanche”. Ce dicton populaire s’est trouvé justifié une fois de plus hier, car la journée fut en tous points semblable à celle du 14 juillet. Après une matinée maussade et menaçante, subitement un beau temps merveilleux, tout à fait de circonstance, puisqu’une brise légère venant du large tempérait les ardeurs d’un soleil rayonnant, qui s’était levé, mit la joie dans les cœurs.
C’est donc au milieu d’une atmosphère de gaîté rieuse, d’un entrain bon enfant, que s’est déroulée la magnifique Fête des Reines, organisée par la Société Commerciale des Fêtes, avec le concours des différents comités de quartiers de la ville.
Il eût été dommage qu’il en fût autrement, car les organisateurs avaient rivalisé de zèle pour nous donner un cortège vraiment remarquable par sa diversité, son bon goût, son élégance et la fraicheur de sa décoration fleurie.
Dès 1 heure et demie, les principales artères de la ville, qui ont conservé leurs décorations du jour de la Fête Nationale, présentent une animation inaccoutumée. Route de Rouen et Quartier des Hallettes, où a lieu la formation du cortège, règne une activité fiévreuse. Sous la direction de M. Jouette, président général, et celle des présidents de quartiers, on achève les derniers préparatifs. C’est l’affairement du coup de feu.
La foule augmente sans cesse. Bientôt elle deviendra innombrable. Non seulement toute la population fécampoise est sur pied, mais encore des villes et des communes voisines sont venus de nombreux visiteurs. Sur tout le parcours, et jusqu’au Casino, les curieux forment, chaque côté des rues, une haie massive de trois ou quatre rangs de profondeur. Les fenêtres, les balcons garnis de monde. Sur la digue on se dispute les places. Mais la bonne humeur règne en maitresse ; d’ailleurs le service d’ordre est assuré avec un tact parfait par la police municipale.
L’ordre du cortège était le suivant : la Lyre Maritime, la voiture du Comité des Hallettes , le Char de la T.S.F. , des Hallettes, Char du Clair de Lune, Char de la Reine des Hallettes, la Fanfare des Loges, voiture du Comité du Centre, le Char du Roi, le Char de la Reine du Centre, l’Avant-Garde d’Angerville-la-Martel, voiture du Comité de l’Hôtel-de-Ville, le Char de la Reine (Panier fleuri). La voiture du Comité Général des Fêtes. La Renaissance de Montivilliers, le Comité du Port, le Sous-Marin, le Coquelicot, le Char de la Reine, le Rosier du Bout-Menteux.
De nombreuses automobiles fleuries étaient mélangées au cortège, que suivaient également des cavaliers et un essaim de fillettes et de garçonnets costumés en Gars de la Marine, en Pierrots et Pierrettes et en Paysans, offrant gentiment des programmes et de fleurs.
Par la rue des Forts, rue Jacques Huet, place Adolphe Bellet, place Thiers, rue Théagène-Boufart, rue Louis-Caron, boulevard des Belges, le cortège se rendit au Casino, où devait avoir lieu la désignation de la Reine de Fécamp. Cette élection eut lieu en présence de M. le Maire, et ce fut la reine du quartier de l’Hôtel-de-Ville, Melle Odette Lethuillier, qui fut élue.
Puis le cortège revint vers la place de l’Hôtel-de-Ville, en passant boulevard des Belges, rue de la plage, quai Vicomté, quai Bérigny, avenue Gambetta, place Saint-Etienne, place Thiers, rue Alexandre-Legros, rue P.-C.-Perier.
À l’Hôtel-de-Ville, M. le Maire reçut officiellement les Reines et leurs Demoiselles d’Honneur. Pour toutes il eut un mot aimable et à chacune fur remis un souvenir qui leur rappellera plus tard ce beau jour de leur jeunesse.
La même pensée délicate, qui avait conduit les membres du Comité directeur des Fêtes à déposer discrètement le matin une gerbe de fleurs au monument aux morts, fut que Reines et Demoiselles d’Honneur se rendirent, avant la dislocation, à l’Hôpital, porter leur obole pour que les hospitalisés eussent, eux aussi, leur part à la joie générale.
Nous reviendrons avec plus de détails sur les différentes phases de cet après-midi très réussie. Aujourd’hui nous voulons simplement signaler l’ampleur qu’a eu la fête et son éclatant succès, voilà qui est fait.