FÉCAMP-FESTIF - La FÊTE DANS LA RUE
Dernière mise à jour : 20 février 2017

  

     Journal de Rouen : 8 août 1908 :

 

     La fête des fleurs qui aura lieu demain à Fécamp demain dimanche, promet d’être très brillante.
 

     Cinquante-trois inscriptions sont déjà arrivées au comité de la Société commerciale des fêtes ; dans ce nombre il faut compter trente-cinq voitures fleuries. De jolies bannières toutes en satin, aux chatoyantes couleurs seront décernées aux lauréats de cette fête. Elles sont exposées à la vitrine du Magasin Universel, chez M. Pannevel, rue Alexandre Legros, où elles font l’admiration du public. Les musiques de la ville ; l’Harmonie de la Bénédictine, la Fanfare municipale “Les Enfants de Fécamp”; Les Fanfares de Goderville et de Gonneville prêteront leur gracieux concours à cette belle fête.

 Journal de Rouen 8 août 1908 - Archives départementales de Seine-Maritime - cote : JPL 3_235  

 

Désiré Lacoudre

 ********

VEILLE DE FÊTE

 

 

      Samedi soir :
 

    Six heures, rue Alexandre Legros. La grande artère fécampoise commence à s’animer un peu : c’est la sortie des ateliers et chacun retourne à la maison ; mais il semble que ce soir on soit moins pressé de rentrer. Par groupes, on flâne, bras-dessus bras-dessous, et naturellement, toutes les conversations roulent sur la fête des fleurs. - Fera-t-il beau ? Telle est surtout la question dominante ; chacun consulte les oracles, les baromètres…. et les Vieux-Major. On “flaire” le vent on fait des calculs, des comparaisons des appréciations que l’observatoire ne consignerait peut-être pas, mais qui montre combien l’on se passionne déjà pour la grande journée de demain.
 

     Des porteurs et porteuses de journaux passent et leur corne déchire l’air. Des gens vont et viennent l’air affairé, portant des fleurs, des rubans, de la mousse, des plantes vertes. C’est une débauche de verdure, comme si la population avait dévalisé tous les jardins…. ou sacrifié tous les chapeaux des dames.
 

     Sur un balcon des électriciens travaillent. C’est la Maison des Abeilles qui prépare sa décoration. La marquise du magasin disparaît sous les fleurs et de grandes guirlandes multicolores courent d’une fenêtre à l’autre. Dans cette verdure, parmi les boutons de roses, on a serti des lampes électriques ; cela donnera demain des allures de féerie à la maison Reneault. A côté des écussons noyés dans un parterre fleuri signalent aux passants les Caves de Bordeaux pour l’ornementation desquels l’ami Séverin a fait du luxe. Un peu plus bas, le magasin du Progrès disparait sous les banderoles et les draperies tricolores, flanquées d’écussons aux armes de la ville ; plus loin, M. Gilles a drapé son premier étage d’un vrai tapis de mousse qu’éclairent quelques fleurs. Partout des drapeaux claquent au vent, des lampions se balancent. Au Café de Paris, au Grand Cerf, que sais-je encore, on a soigné les façades et fleuri les devantures.
 

     Place Thiers, c’est encore le même air de fête ; c’est une foule véritable qui se promène autour de l’estrade où jouent des enfants. On admire la maison de M. Emile Devaux, qui disparaît sous les plantes, et l’on se rappelle qu’un peu plus loin, M. Joseph Devaux a, lui aussi fait preuve de bon goût.
 

     Voici que la journée s’achève. Peu à peu, la nuit tombe, sans que pour cela l’entrain diminue chez les promeneurs, ni le courage chez les décorateurs. Il flotte dans l’air des parfums de réjouissances et comme des désirs de s’amuser ferme. On s’en promet pour demain ! me dit un passant. Et n’est-ce pas le meilleur et le plus juste des mots de la fin.