Analyse Sociale et Culturelle en 1850
La ville de Fécamp qui compte une population de 11 000 âmes. a deux paroisses : l'église de l'Abbaye et l'église St-Etienne. Il n'y a point d'établissement du culte autre que celui de la religion catholique.
Il y a, pour les garçons, 2 écoles primaires communales, qui sont fréquentées par 214 enfants ; une école primaire gratuite, tenue par les Frères de la Doctrine chrétienne, qui reçoit 275 élèves.
Pour les filles, il y a 4 écoles, recevant 750 élèves.
Nous ne devons pas dissimuler que l'instruction primaire, surtout celle que reçoivent les garçons dans les écoles communales, laisse beaucoup à désirer, mais de salutaires réformes vont y être introduites, et nous comptons sur des améliorations sensibles, d'ici à quelque temps, dans cette partie de l'éducation des enfants du peuple.
La journée de travail dépasse 10 heures, sans jour de congé pour une activité le plus souvent dangereuse et éprouvante. Les salaires sont misérables et permettent à peine à la famille de survivre ! Même les enfants travaillent dès leur plus jeune âge. Ils ne disposent d’aucune couverture sociale : un accident de travail – ils sont très nombreux à l’époque – conduit la famille à la rue.
Leurs moyens d'existence sont le salaire qu'elles reçoivent pour la rétribution de leur travail, et, à défaut de travail, les secours du bureau de bienfaisance.
Les établissements philanthropiques que possède Fécamp, sont l'hospice et le bureau de bienfaisance. L'hospice entretient 116 malades. Le bureau de bienfaisance donne des secours à 402 familles (1 206 personnes). Les ressources de l'hospice sont de 17 000 francs ; celles du bureau de bienfaisance, de 12 000 francs. L'Administration se propose de fonder incessamment une salle d’asile, et désire que le Gouvernement lui vienne en aide dans la réalisation de ce projet philanthropique.
Il est évident, que dans ces conditions les loisirs soient inconnus, seul le cabaret offre, malheureusement (encore) un dérivatif !
Comme dans tous les pays, quelques hommes de la classe ouvrière se livrent à l'ivrognerie ; mais, en général, à Fécamp ces classes sont sobres et d'une bonne moralité .
Fécamp possède, depuis peu, une bibliothèque de 7 535 livres. Cet établissement ne peut avoir qu'une salutaire influence sur l'éducation et la moralité des jeunes gens ; beaucoup le fréquentent, et les livres de sciences sont plus spécialement demandés et forment l'objet de leurs lectures méditatives.
Source : Annuaire des cinq départements de l'ancienne Normandie - Gallica - La bibliothèque numérique de la B.N.F
Toujours au plan plus “culturel”, la Maitrise de l’Abbaye de Fécamp a été longtemps célèbre, cependant :
“Elle n’a pas fait école ; car les échos de la vallée ne répètent plus que les notes aigres du cornet à piston. Fécamp n’a pas de théâtre ; à moins que l’on veuille donner ce nom à un magasin converti, tant bien que mal, en salle de spectacle. La foule s’entasse pourtant sur les bancs peu rembourrés, quand, de fortune, une petite troupe, prend là ses quartiers d’hiver”.