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Page créée le 5 mai 2021

5 mai 1789 : La naissance de la Révolution
     La Révolution française désigne une période de dix années (1789-1799) qui va de l’ouverture des États Généraux au coup d’état de Brumaire par le général Bonaparte. Cette décennie ébouriffante a vu la France accomplir d’immenses réformes de structure, dans le prolongement des Lumières du XVIIIe siècle et des révolutions démocratiques d’Angleterre et d’Amérique.
     Le centenaire que la France va célébrer le 5 mai 1889, est l’anniversaire de la réunion des États-Généraux, qui a eu lieu le 5 mai 1789, à Versailles, dans la salle des Menus-Plaisirs, réunion qui met fin à l’Ancien Régime et inaugure la grande Révolution française.
      Les États-Généraux, que la Royauté n’avait pas osé réunir depuis 1614, comprenait les représentants des trois ordres de la Nation : le Clergé, la Noblesse et le Tiers-État, c’est-à-dire les députés du peuple et de le bourgeoisie.
     En 1789, la France, éclairée par les écrits libéraux des philosophes et des économistes du dix-huitième siècle, voulait pour tout le monde l’égalité devant la loi, devant les impôts, devant la justice. Jusque-là, les deux premiers Ordres, le Clergé et la Noblesse, avaient seuls été privilégiés : les pouvoirs du Gouvernement étaient mal définis, l’organisation administrative et judiciaire était mauvaise : le Code pénal étai d’une cruauté excessive et la procédure était inique ; les impôts étaient répartis d’une façon inégale et ne pesaient guère que sur le peuple ; les dignités n’étaient pas accessibles à tous : on les réservaient surtout aux fils des familles nobles ; l’industrie et le commerce étaient gênées par des entraves et des servitudes nombreuses ; la liberté individuelle et la propriété étaient mal garanties ; en un mot, la vieille Société féodale existait encore, et cependant, les hommes étaient plus éclairés et voulaient obtenir les libertés et les droits qui leur appartenaient.
      De là une vive irritation, un mécontentement général. Les finances étaient dans le plus triste état, et le roi, conseillé par ses ministres, eut recours au dernier moyen qui lui restait : convoquer les représentants de la Nation pour leur demander des subsides. La Nation envoya ses députés, non pour donner de l’argent au roi et à ses ministre, mais pour réclamer avec énergie les réformes et les libertés auxquelles elle avait droit.

      C’est au milieu de l’allégresse publique que la session des États-Généraux s’ouvrit le 5 mai 1789 ; on comptait 1 214 députés, dont 308 du Clergé, 285 de la Noblesse et 621 du Tiers-État. Parmi ces derniers, se trouvaient des hommes dont le nom devait bientôt devenir illustre : Mirabeau, Bailly, Sieyès, Barnave, Mounier, Pétion, Robespierre, et bien d’autres que la Révolution allait rendre immortels.
      Le roi Louis XVI lut un discours dans lequel il faisait preuve d’excellentes intentions et donnait de bonnes promesses. Malheureusement le Roi se laissa entrainer dans une voie funeste par les Ordres privilégiés : il voulut s’opposer, même par la force, aux vœux légitimes du peuple. Dès ce moment, la Révolution marcha rapidement.
      Le 17 juin, le Tiers-État se déclara constitué comme représentant du peuple français et prit le nom d’Assemblée nationale. Le 19, une grande partie du Clergé se joignit aux députés du Tiers. Le 20 juin, comme la Noblesse avait fait fermer la salle des séances, les députés se réunirent, sous la présidence de Bailly, dans la salle du Jeu-de-Paume, et fit le serment de ne point se séparer avant d’avoir donné une Constitution à la France. Le 27 juin, les Trois Ordres s’unirent enfin et l’Assemblée nationale constituante put commencer les grandes réformes qui ont formé la France contemporaine. C’est en vain que la Cour irritée voulut effrayer les députés en réunissant une armée sous les murs de Paris ; le Peuple répondit aux menaces de la Royauté par la prise de la Bastille (14 juillet 1789).

     La révolution était faite, le Peuple avait conquis tous ses droits et la fameuse nuit du 4 août 1789, acheva de détruire tout ce qui restait de l’ancien régime féodal. L’Assemblée nationale vota bientôt la Déclaration des Droits de l’Homme, qui sont les principes naturels de toute Société vraiment digne de ce nom. Elle créa les départements pour mieux faire l’unité de la France : supprima les titres nobiliaires, les justices seigneuriales, les distinctions de religion, et proclama le grand principe de l’égalité des citoyens devant l’impôt. Il faudrait des volumes pour exposer toutes les réformes et les créations qui furent faites par cette Assemblée, la plus grande certainement des Assemblées de la Révolution.
Source : Le centenaire 5 mai 1889 - Editeur E. Jolly (Charleville) 1889 - Gallica site de la B.N.F.