“Il y a quelque cinq ou six ans, un groupe d’indigènes et de baigneurs, vraiment bien inspirés, eurent la pensée d’inaugurer, par une petite fête publique, un vaste boulevard qui venait d’être ouvert sur toute la longueur de la plage. (Voir la page)
“On parla de courses de vélocipèdes, de courses … à pied, j’allais dire de courses humaines, puisque les concurrents étaient des hommes qui se disputaient le prix de vitesse au pas ou au galop ; mais cela n’avait rien de bien humain, et je remplace le mot…
“Un peu de hardiesse vînt aux promoteurs du projet avec les encouragements de chacun ; il fut décidé qu’on ajouterait au programme quelques départs de chevaux attelés à des voitures de 2 et 4 roues, et qu’une course plate clorait la fête. L’initiative réussit très-bien.
“On avait eu d’ailleurs l’idée généreuse de la placer sous l’égide de la Bienfaisance. L’arène se développait sur une longueur de cinq à six cents mètres. Aux abords se massait un public très-empressé.”
C’est de ce turf embryonnaire que devait sortir deux ans plus tard la société des Courses de Fécamp, dont les statuts étaient votés, Le 30 novembre 1872 dans la grande salle des fêtes du Casino. Et le 23 janvier 1873, le préfet de la Seine-Inférieure approuvait les statuts de la Société des Courses de Fécamp.
Aussitôt, le comité fixait la date des courses au dimanche 24 août 1873, puis Il fut procédé ensuite à la nomination des commissaires spéciaux prévus par l’article 15 des statuts de la Société.
Les commissaires désignés furent MM. Le comte Levaillant du Douët, maire de Bernière et conseiller d’arrondissement pour le canton de Bolbec, Georges Bellet, négociant à Fécamp, et Henri Viénot, agréé près du tribunal de commerce de Fécamp. MM. Felix Tesnières, de Contremoulins, Bouju, du Havre, et Smith, de Fécamp, nommés quant à eux, commissaires-adjoints.
Le goût des divertissements hippiques s’introduisant ainsi dans les mœurs fécampoises, on ne pouvait s’en tenir longtemps, à une voie publique ordinaire, comme champ de course. Les chevaux habitués à courir sur un terrain spécial ou préparé d’avance, n'appréciaient pas ce terrain trop dur. C’est sur la côte de la Vierge que l’on allait aménager le Champ de Courses.
Restait à trouver un terrain, pour implanter la piste, le site retenu est situé côte de la Vierge, entre la chapelle et la ferme du bourg-Baudoin. La Société des Courses de Fécamp peut, ainsi entrer dans la phase active de son existence. Dès le début de l’année la plus forte partie des cent vingt actions de cinquante francs qui doivent permettre de faire face aux premiers frais est souscrite, par les principaux agriculteurs des environs de Fécamp, et par différentes personnes qui s’intéressent à l’avenir de la race chevaline dans la contrée.
D’un autre côté un certain nombre de personnes souscrivent comme sociétaire moyennant dix francs par an. Tout promet donc à la jeune société d’obtenir rapidement des ressources suffisantes pour permettre de commencer les travaux d’appropriation de la piste, et la construction de tribunes pour le public.
De toutes parts arrivent des encouragements, des marques de sympathie et des promesses de concours. C’est ainsi que M. Le ministre de l’agriculture et du commerce (Pierre Teisserenc de Bort) félicite les instigateurs de la création du nouvel hippodrome et promet de songer à la Société de Fécamp dans la répartition des sommes que son ministère distribue chaque année.
L’administration des haras promet également une subvention à la Société de Fécamp, et l’encourage à persister dans ses efforts ; le Jockey-Club, la Société d’encouragement du cheval demi-sang, et les sociétés d’agriculture promettent aussi leur appui. Aussi les membres du Comité exposent-ils que les personnes qui n’ont pas encore souscrit comme actionnaires ou comme sociétaires veuillent bien adresser leur souscription au secrétariat, 2, rue Saint-Etienne, à Fécamp.
Il est alors temps de définir le programme de la réunion du 24 août, afin de le soumettre à l’approbation de l’administration des haras. Il sera ainsi composé :
700 francs dont 500 au premier arrivant et 200 au second pour chevaux entiers, hongres et juments de trois et quatre ans, et de toutes races, élevés dans les arrondissements du Havre ou d’Yvetot, attelés au trot seuls à une voiture à deux ou quatre roues ……. Distance 3 600 mètres environ.
800 francs dont 600 au premier arrivant et 200 au second pour chevaux entiers, hongres et juments de tout âge et de toute race, appartenant depuis plus de six mois à une personne des arrondissements du havre ou d’Yvetot, et domiciliés dans ces arrondissements depuis le même temps, attelés au trot seul, à une voiture à deux ou quatre roues ……. Distance 4 500 mètres.
700 francs dont 500 au premier et 200 au second pour chevaux entiers, hongres et juments de trois et quatre ans, élevés dans les arrondissements du Havre et d’Yvetot …. 3 600 mètres environ.
800 francs dont 600 au premier et 200 au second pour chevaux de tout âge et de toutes races appartenant depuis plus de six mois à une personne des arrondissements du Havre et d’Yvetot et domiciliés depuis le même temps dans ces deux arrondissements …. Distance 4 500 mètres environ.
500 francs au premier arrivant, pour tous chevaux introduits dans le département de la Seine-Inférieure, et acquis par des propriétaires domiciliés dans ce département avant le 24 février 1873. ….. Distance 3000 mètres environ.
Les engagements de toutes les courses doivent être faits au secrétariat de la Société 2, rue Saint-Etienne, à Fécamp, avant le 1er août à 8 heures du soir, elles seront faites conformément au présent règlement.
Les travaux d'aménagement, vont bon train les objectifs initiaux sont même dépassés !
Les actionnaires et sociétaires des courses de Fécamp se réunissent à l’Hôtel-de-Ville de Fécamp pour examiner différents projets de modifications aux statuts de la société.
Le nombre des actions de cinquante francs, dont l’émission était autorisée par les statuts, n’était jusqu’alors que de cent vingt, mais, par suite de l’extension donnée à la piste qui de neufs cents mètres a été portée à quinze cents, par suite même de la réussite de l’émission, et de la nécessité où se sont trouvés les membres de la société d’élargir notablement le programme et d’augmenter les frais, il a été jugé utile de porter le capital des actions à dix mille francs et le nombre des titres de cinquante francs à émettre à deux cents.
Cent vingt-huit actions sont déjà souscrites, il est rappelé à ce sujet que les actions donnent droit à l’entrée au pesage, à 5% d’intérêt et qu’elles seront remboursées par voie de tirage au sort.
L’Assemblée générale, est officiellement avisée par le bureau de l’allocation de mille francs votés par le conseil municipal de Fécamp, elle charge les membres du conseil d’administration de transmettre à M. le maire de Fécamp et au conseil municipal ses remerciements.
L’Assemblée générale approuve les différentes mesures prises par le Comité, le conseil d’administration et notamment le bas du terrain de la côte de la Vierge, le tracé de la piste de 1 500 mètres de tour, le choix de l’emplacement des tribunes, la création et le choix de membres honoraires du Comité, la fixation du programme, etc.
À ce sujet et sur proposition du Comité, l’Assemblée générale décide de modifier les conditions de la quatrième course, (Course au trot monté pour chevaux de tout âge), et d’étendre cette course aux chevaux de toute provenance. Le prix affecté à cette course est porté à mille francs au premier, et les entrées sont fixées à cent francs.
Les commissaires des courses sont chargés de fixer les autres conditions de la course et de la faire approuver par l’administration. Nous publierons prochainement ces conditions, qui seront celles du prix de la cité des courses de Rouen.
Par arrêté en date du 21 mars 1873, son Exc. M. le Ministre de l’Agriculture et du Commerce, donne son approbation au programme de la réunion du 24 août.
Voir : l'Organisation de la Course