Un rappel de ses actions ....
M. Duglé est un républicain de la première heure, ayant toujours lutté en faveur des idées de progrès démocratique ; jeune encore, il fit partie des groupes qui, dans notre département soutinrent et firent triompher les candidatures de gauche, lors des élections qui eurent lieu après l’avènement de la Ré publique et contribuèrent à son établissement définitif dans notre pays.
Au Conseil municipal, où il ne tarda pas à briller par la large part qu’il prit dans l’étude et la solution des questions les plus diverses et les plus importantes et par ses rapports aussi clairs et documentés, il poursuivit avec ardeur son action républicaine.
Lorsqu’en 1900, ses collègues l’ont élu maire, en remplacement du regretté M. Augustin Le Borgne, c’était un hommage rendu à sa compétence et à sa clairvoyance administratives, en même temps qu’une manifestation de reconnaissance à l’égard d’un fidèle défenseur des idées de progrès et de justice.
Au Conseil général, où il siégea de 1904 à 1910, la lettre de M. Génestal, maire de la ville du Havre, vice-président de cette assemblée, vous a dépeint la part qu’il prit à ses travaux ; mais les charges de maire augmentent avec les nouvelles lois sociales, ainsi qu’avec le développement de la ville de Fécamp, il se décida à quitter le conseil général en faveur de notre regretté ami et collègue M. Maurice Renault, afin de se consacrer entièrement à la mairie.
À la chambre de commerce dont il fait partie depuis plus de 20 ans, il a donné la preuve d’une profonde connaissance des besoins de la ville et du port de Fécamp.
On lui est redevable des améliorations et transformations notables qui, en ces dernières années, ont modifié avantageusement la physionomie de notre vieille cité maritime. Citons entre autres travaux exécutés depuis son arrivée à la mairie :
Une superbe digue-promenade longeant la plage sur une étendue de près d’un kilomètre ; Une vaste école à 10 classes, édifiée dans le quartier du port ; Un élégant Casino ; L’agrandissement de l’hospice et un hôtel des postes actuellement en voie d’achèvement.
Ajoutons qu’il a procédé a de nombreuses améliorations dans la voierie et le service des eaux ; Qu’il a passé des traités des plus avantageux pour la distribution d’éclairage public et particulier ;
Qu’on lui doit aussi la création d’un collège de jeunes-filles, d’un lycée de garçons, d’une crèche municipale dans la quartier du port, de plusieurs cantines scolaires, d’une Caisse des écoles, etc., etc.
Depuis longtemps, M. Duglé s’est intéressé aux questions d’assistance et de prévoyance qui ont trouvé en lui plus qu’un défenseur, je dirais un véritable précurseur. En effet, bien avant la discussion et le vote par le parlement des lois relatives à ces questions, il avait fait réserver dans le budget de la ville une large part pour les secours aux vieillards, aux familles nombreuses, aux chefs de famille éprouvés par la maladie, aux Sociétés de Secours mutuels dont il a fait élever les subventions, afin de leur permettre d’augmenter le chiffre de la retraite qu’elles allouent à leur adhérents ; il s’est intéressé en un mot à toutes les œuvres auxquelles au nom de l’humanité, le corps social doit aide et protection.
M. Duglé est aussi un ardent patriote qui n’a cessé d’encourager nos sociétés de gymnastique et de tir, parce qu’elles forment des hommes disciplinés, pleins de force et de courage sur lesquels le pays pourrait compter au moment du péril.
Il ne pouvait d’ailleurs donner un plus bel exemple de son dévouement à ma patrie qu’en s’engageant comme il a fait en 1870 (il avait alors 19 ans) pour repousser l’envahisseur, il a pris part aux environs de Rouen au combat de Moulineaux et il fit le coup de feu contre les Prussiens dans la forêt de la Londe (Vifs applaudissements).
Nulle récompense ne fût certes plus méritée et le gouvernement de la République, en lui accordant la croix de la Légion d’Honneur a ce bon et brave citoyen qui n’a ménagé ni son temps ni sa peine pour faire aboutir toutes les réformes démocratiques que lui inspiraient ses profondes convictions républicaines et sa nature généreuse et philanthropique ne pouvait faire un meilleur choix.
Mon cher Maire et ami,
Au nom de vos amis du Conseil municipal, Au nom des employés communaux, vos dévoués collaborateurs, Au nom de la population fécampoise,
Permettez-moi de vous offrir cet objet d’art, qui est le gage et le témoignage éloquents de la profonde et affectueuse sympathie que tous nous professons pour votre personne, espérant que cette marque sincère de notre estime sera pour vous un encouragement à continuer l’œuvre que vous avez si merveilleusement commencée.
M. Soublin offre alors à M. Duglé, qui lui en manifeste ses vifs remerciements, un superbe objet d’art, témoignage des sentiments de toute la population fécampoise.
Il continue ensuite : Pour terminer, qu’il me soit permis, au nom de mes collègues républicains du Conseil municipal, d’adresser nos plus sincères remerciements à M. le sous-préfet qui a accepté d’une façon si aimable la présidence de cette belle cérémonie. Nous remercions M. Bureau, notre sympathique député, au dévouement duquel on ne fait jamais appel en vain et que nous sommes heureux de revoir parmi nous.
Merci également à MM. les maires adjoints et conseiller municipaux des villes et communes voisines qui ont bien voulu répondre à notre appel. Merci aussi à nos amis fécampois qui sont venus en aussi grand nombre. Merci à notre excellente fanfare municipale pour le concours agréable qu’elle nous a offert spontanément.
C’est du fond du cœur que nous vous disons à tous merci.
Je ne saurais clore cette liste de remerciements sans en adresser tout particulièrement aux dames qui sont venus rehausser par leur présence, l’éclat de cette cérémonie à laquelle elles ont donné un charme dont nous garderons le meilleur souvenir.
Mesdames, Messieurs,
Je bois à vous tous, je bois au dévoué maire de Fécamp, Je bois à la prospérité de notre belle ville et à la gloire de la République. Vive Duglé, Vive Fécamp, vive la République.
Des applaudissements nourris éclatent de toutes parts, et un ban est battu en l’honneur de la municipalité fécampoise.
Extrait du Petit Havre du 23 février 1914