5 mai 1961
N° 21 Emploi des D.G. de l'ancien Théâtre détruit.
Rapporteur de la commission plénière - M. le Maire lit ce qui suit :
Messieurs,
Nous vous avons exposé à maintes reprises l'action que nous avons engagés afin d'employer au mieux les dommages de guerre de l'ancien théâtre détruit vous en connaissez la valeur reconnue en dommages de guerre : 6.237.000 francs, valeur 1939 bruts réduits à 4.409.068 francs, valeur 1939 net après déduction de vétusté de 7% et d'un coefficient réducteur de 0,55 transfert de 25 millions valeur octobre 1956, pour aménagement du musée rue A.P. Leroux. Au coefficient 26,40 : le montant des dommages à utiliser ressort donc à 116.399.369 ancien francs, soit 1.163.993,69 nouveau francs.
Nous avons exposé lors d'une réunion plénière en décembre dernier le projet est établi par l'architecte que nous avions désigné monsieur Fernand Denis ; nous vous en avons exposé les grandes lignes :
- urbanisation du quartier actuel des Halles, en supprimant la rue Sautreuil, en ne faisant qu'un seul bloc de Halles après élargissement des rues pourtour des Halles ;
- création de commerce sur le pourtour pour reloger les actuels fonds installés sous les Halles
- et surtout construction à l'étage d'une salle pouvant servir à de multiples usages (salle de spectacle - salle de conférence et salle pour réunions sportives)
- aménagement également de salles annexes pouvant servir soit pour conférence, soit pour réunion de sociétés.
Ce projet, nous pensions qu’il correspondait aux besoins réels de notre ville et qu’il était susceptible d’être le meilleur emploi à faire de nos dommages de guerre. Nous avions, à l’époque un accord tacite des services du ministère de la construction qui ne pensait pas toutefois se passer de l’avis de la direction des Arts et lettres, grand responsable des théâtres en France et susceptible d’imposer le réemploi de ces dommages pour un but bien déterminé. Cette position nous était d’ailleurs confirmée lors d’une visite que nous rendions à la direction des arts et Lettres, à Paris, où l’on nous faisait notamment comprendre que si on leur demandait leur avis, ils ne pourraient autoriser le réemploi de ces dommages que pour la construction d’un théâtre.
Or un théâtre, ce n’est pas du tout le même genre de salle que nous projetions et surtout, un théâtre ne sert qu’à cela et à rien d’autre. Nous décidions néanmoins d’étudier cette possibilité, et demandions à un architecte de Rouen, auteur de deux projets déjà réalisés de Théâtres dont celui de Barentin, de nous faire connaître son point de vue, un point était déjà acquis, c’est que dans l’éventualité du théâtre, il ne fallait pas songer conserver l’emplacement des Halles primitivement retenu. Un théâtre ne peut, en effet être construit en étage au-dessus d’un bâtiment servant à un autre usage ; il fallait donc trouver un autre emplacement éventuel.
Après des recherches plutôt infructueuses, le seul emplacement propice qui retenait notre attention était le groupe de maisons situées place du Général Leclerc et rue Paul Bert, ainsi que les terrains appartenant à l’Électricité et Gaz de France, M. M. DABANCOURT, PETITPAS et Mme FREBOURG ; nous demandions à nouveau l’avis cde l’Architecte, lequel nous faisait connaitre son point de vue très favorable à ce projet, mais ne nous cachait pas les chiffres auxquels nous devrions atteindre (chiffres très approximatifs puisqu’aucune étude précise n’était entreprise) pour un théâtre de 800 places, il faudrait compter au minimum 200 millions auxquels viendraient s’ajouter 30 millions d’acquisitions immobilières et démolition de bâtiments existants.
Bien sûr, des subventions pourraient être escomptées allant jusqu’à 50% de la différence entre le montant total du projet et les dommages de guerre, néanmoins il ne faut pas cacher que c’est au total une bonne cinquantaine ce millions qu’il faudrait ajouter aux dommages de guerre nous appartenant ; mais je ne vous cacherait pas non plus que le temps presse, car en octobre prochain, forclusion ; nous pourrons bien sur décider de vendre ces dommages de guerre au centre régulateur de Paris où nous pourrions certainement en tirer 55 à 60%, ce serait mieux que rien bien entendu ; d’un autre côté, nous avons repris contact avec la direction des dommages de guerre tant à Rouen qu’à Paris ; nous avons également demandé à M. le Préfet de la Seine-Maritime de bien vouloir nous aider à résoudre ce problème que je vous avoue avoir du mal à résoudre seul.
Une seule chance peut nous rester, c’est celle d’éviter les Arts et Lettres en accord avec les autorités que je viens de vous énumérer : Préfecture et ministère de la Construction. Je dois avoir sous peu confirmation officielle de la part de M. le préfet de cette possibilité ; si elle se présente, mon intention est de poursuivre activement ce projet initial prévu sur les halles.