La cérémonie officielle de translation à l’Abbaye
Cette journée commence en l’église abbatiale de la Sainte-Trinité de Fécamp par des cérémonies religieuses organisées sous la présidence de Mgr Petit de Julleville, cardinal-archevêque de Rouen qui fait son entrée solennelle sous les hautes voùtes dès 9 h 30. Quelques instants plus tard, une procession parcourt l’église : huit scouts portent sur leurs épaules deux lourdes chasses de plomb recouvertes de draps rouge et or marqués aux initiales des ducs Richard I et Richard II. Derrière les cercueils, l’abbé Renhas de Pouzet, descendant des deux héros qui forgèrent l’âme naissante de la France suit cependant que les fronts s’inclinent.
Sous les voûtes sacrées de la vieille abbaye qui vit les événements les plus marquants de la Normandie, il y a dix siècles, les rouges oriflammes timbrées des léopards d’or, rutilent au long des blancs piliers.
Tandis qu’une foule évaluée à trois où quatre mille personnes se masse sous la nef et sur le parvis, commence la messe pontificale célébrée par Dom Gabriel Gontard, abbé de Saint-Wandrille.
Lentement les restes des ducs de Normandie, Richard I et Richard II défilent parmi une foule innombrable qui se presse dans la cathédrale et jusque dans les galeries surplombant les nefs.
Dans le chœur, son éminence le cardinal Petit de Julleville archevêque de Rouen préside la cérémonie religieuse qui revêt toute la pompe grandiose avec laquelle l’Église sait marquer la célébration de dates importantes de son histoire, qui rejoint ici l’histoire nationale n’ayant pas trouvé hier l’écho qu’elle méritait de la part des puissants du jour.
Dom Gabriel Gontard, abbé de Saint-Wandrille, assisté de Dom Lecroq, prieur, et de plusieurs moines du célèbre monastère, reconstruit par Richard I, est à l’autel au pied duquel se tiennent Mgr Letendre, protonotaire apostolique ; Mgr Santais, prélat de sa sainteté, MM. les chanoines Olivier, curé doyen de l’abbaye de la Sainte-Trinité ; Decaux curé de Saint-Etienne, ainsi que les prêtes du clergé local.
Dans les stalles, avaient pris place M. Carter, consul de Grande-Bretagne au Havre : M.B.S. Townroe, directeur de “The Franco-British Society” de Londres ; MM. Courant et Siefrid députés ; Montier, conseiller de la République ; Couturier, conseiller général maire de Fécamp ; Galissard, Gallais et Marest, adjoints ; Fernand Burel, Duvivier conseillers municipaux ; MM. Savagner, 1er adjoint de la cour d’appel de Rouen ; Basset vice-président du tribunal civil du Havre ; Stéphane Lemonnier, président et les membres du Comité des Fêtes des ducs Richard ; Daniel Banse président et les membres du bureau de l’association des Amis du Vieux-Fécamp ; Tournis inspecteur primaire ; Béguet, contrôleur principal des contributions directes ; Favey, commissaire de police ; Simonin, président et les membres de la société Commerciale des Fêtes ; Avenel, secrétaire général de la mairie ; Blanchet, archiviste départemental ; M. A.-P. Le Grand, président du Tribunal de Commerce ; Vasse, président et Monnier vice-président de la Chambre de Commerce ; Blanche, administrateur de l’Inscription Maritime ; Wicker, président des F.F.L. ; Prévost, président des F.F.I.
Une absence remarquée fut celle de M. A.-P. Leroux, conservateur de l’Abbaye et des musées de la Ville de Fécamp, retenu à la chambre par la maladie, et qui fut le premier à s’incliner devant les restes des ducs de Normandie, en 1942, lors de leur découverte (vainement escomptée au cours de patientes recherches, cependant par le savant archéologue abbé Cochet).
La Maîtrise de l’Abbaye, forte de 115 exécutants sous les ordres de M. Dupont-Coquais, exécuta au cours de la cérémonie un magnifique programme musical. M. Callet tenait les grandes orgues et M. Jean Lemaitre l’orgue de chœur.
Le programme était diffusé par la Radiodiffusion Nationale, le micro étant tenu par le RP. Avril, dominicain.
Avant que ne retentisse le “Te Deum” chanté pendant que les coffres contenant les restes de Richard I et de Richard II étaient à nouveau déposés sous l’autel Saint-Sauveur, dom Lecroq, que de savants travaux sur l’histoire régionaliste qualifiaient particulièrement pour cette mission, prononçait le panégyrique des deux ducs défunts dont il retraça la haute figure et la carrière prestigieuse.
Alors que les cinéastes et photographes sous les éclairs des caméras inscrivaient les dernières phases d’une véritable apothéose sur les tablettes de l’Histoire, une foule de plusieurs milliers de personnes qui n’avaient pu prendre place dans l’église s’écartait lentement pour permettre au cortège des personnalités présentes à la cérémonie de gagner la sortie.