M. Laurent Eynac ne put arriver à Fécamp qu’à 11 heures. Comme M. Paganon devait être reçu une heure auparavant, il fallut quelque peu écourter le programme du matin et faire vite. La réception qui devait réunir autour du ministre, à la mairie, le conseil municipal, les corps constitués, les autorités de la ville, les invités divers, dut être supprimée.
Dès son arrivée, M. Laurant Eynac qui était accompagné de M. Le Beau, préfet de la Seine-Inférieure, fut accueilli sur la place Thiers par M. Couturier, maire de Fécamp, entouré des membres de son conseil municipal, des anciens combattants, des sociétés de la ville et de la compagnie des sapeurs-pompiers. On remarquait également parmi les personnalités qui s’étaient rangées face au monument aux morts : MM. Bureau, président du conseil général de la Seine-Inférieure, député de Fécamp ; Lavoine, sénateur ; Quesnel et Metayer, députés.
La musique du 129e d’infanterie prenait part à cette cérémonie – malheureusement quelque peu contrariée par la pluie. – ainsi que la Société musicale : La Lyre maritime de Fécamp. Une très belle gerbe de fleurs fut déposée au pied du monument, puis après la sonnerie “Aux Morts” et l’observation d’une minute de silence un long cortège se forma pour se rendre dans le jardin du musée où allait être inauguré le buste du docteur Léon Dufour.
Le monument à Léon Dufour
Cette inauguration fut présidée par l’éminent professeur Gosset membre de l’académie de médecine. Elle se déroula en présence de Mme Léon Dufour et comprit deux discours, l’un prononcé par M. Gosset, l’autre par le maire de Fécamp.
Le premier orateur rappela très simplement, mais avec émotion l’arrivée en 1881 du jeune médecin Léon Dufour, alors âgé seulement de vingt-cinq ans, mais déjà en possession d’un remarquable don d’observation. Epouvanté par l’effroyable mortalité qui frappait les nourrissons dans l’incroyable proportion de 70%, le docteur rechercha patiemment, résolument, avec opiniâtreté, les causes de ce désastre, les trouva dans l’impureté du lait et créa, en 1894, l’œuvre magnifique qui devait conquérir le monde. La stérilisation du lait, le nouveau mode de distribution du précieux aliment, donnèrent rapidement des résultats admirables. La mortalité des enfants du premier âge tomba ainsi à 10% et même parfois au-dessous de cette proportion. Le docteur Léon Dufour, homme dévoué, modeste, désintéressé entre tous, eut donc la joie inouïe de pouvoir sauver chaque année des millions d’existences dans le monde et son œuvre rendit son nom illustre.
En terminant, M. le professeur Gosset salua les diverses personnalités présentes, rendit hommage à Georges Normandy, qui avait eu l’idée d’élever le buste du grand médecin, dans le jardin du Musée ; puis M. le maire en quelques paroles fortes, remercia le précédent orateur, en lequel il salua un grand maître de la science française.
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La matinée s’achevait, mais il fallait hâter les manifestations nombreuses de cette journée écourtée et chargée. Le cortège gagna le Pavillon de l’Enfance qui fit, bien entendu, l’admiration des visiteurs. Il se rendit ensuite à l’Hôpital-Hospice, où M. Laurent Eynac, reçu par la commission administrative que préside M. Sorel, et par les sœurs hospitalières, ne cacha pas sa satisfaction. Il s’intéressa particulièrement à la salle de radio, d’une superficie réglementaire de 25 mètres carrés, équipé d’un matériel très complet et comprenant notamment un paravent du docteur Belot, destiné à protéger l’opérateur contre le rayonnement secondaire.
Répétons-le, du reste : il faudrait consacrer à l’ensemble de ces installations, des études spéciales et détaillées qui constituerai un juste hommage à l’œuvre sociale monumentale réalisée à Fécamp