La saison 1908, qui se voulait être la saison du renouveau, s’est finalement révélée bien décevante. Tout d’abord en raison de ce conflit entre l’autorité municipale et M. Vives le locataire recruté pour l’établissement. Le procès qui en a résulté, s’est éternisé, il est…toujours en cours en début de saison 1909.
Autre souci, quel spectacle allait-on pouvoir donner ? La Salle de Spectacle, n’était toujours “qu’un chantier”
Malgré ces gros disfonctionnements, c’est quand même, le dimanche 12 juillet 1908 que le Casino Municipal avait ouvert ses portes aux habitués de la saison, il serait plus judicieux d’ailleurs, de dire entrouvert ! ainsi que nous l’apprenons dans la presse :
“La Municipalité et la Direction, réunies dans un commun accord, auraient voulu pouvoir, inaugurer d’une façon éclatante la délicieuse création de M. Mauge, le sympathique architecte de la ville ; mais, hélas ! malgré la bonne volonté et la diligence de tous ceux qui les ont secondés dans leur tâche, il leur a été impossible de mener les travaux à un achèvement complet, pour la date du 12 juillet.”
La salle des fêtes était surtout concernée. En raison de sa décoration spéciale, prévue adornée de marbre et d’or, elle ne pouvait être entreprise et terminée en temps voulu. Les meilleurs tapissiers de la capitale, appelés à la rescousse, ont dut improviser en quelques jours une salle, ou plus exactement, une immense estrade, surmontée d’un véritable théâtre, sur l’un des côtés du vaste hall, et dont l’aspect, gracieux et élégant, devait contenter, les plus difficiles.
“Il s’y donnera, toute la saison, une série de représentations et de concerts, capables de satisfaire le plus délicat éclectisme artistique des habitués.”
De grandes auditions musicales, réunissant des masses chorales et instrumentales, des fêtes de jour, des attractions nombreuses.
“Sur la terrasse, dans le superbe décor de la falaise et de la mer si prodigue en changements merveilleusement imprévus ; la magnificence du cadre à la fois délicat et brutal que la nature nous offre généreusement, sera une compensation bien facile aux quelques imperfections d’un Casino peu achevé.”
Malgré toutes ces dispositions, la saison 1908, ne figurera pas, on s'en doute, au palmarès des “bonnes saisons.”
Fort heureusement 1909, s’annonce sous de meilleurs auspices !
Le procès entre M. Vives et la municipalité n’étant toujours pas clos, c’est Hector Dupeyron, sous-locataire qui est nommé et agréé directeur de l’établissement balnéaire. Il est, professeur de déclamation lyrique au conservatoire national de musique, et artiste de l’Opéra, l’ouverture s’effectue le 5 juin, bien qu’aucune annonce officielle émanant de la mairie ne l’ait fait savoir aux habitants de Fécamp et aux étrangers.
Seule une annonce parue dans la presse le 17 juin :
“C’est le 5 juin qu’a eu lieu l’ouverture du Casino de Fécamp. Les bains chauds seront ouverts aujourd’hui jeudi.”
Puis le 3 juillet :
“Une enquête a été prescrite sur la demande d’autorisation de jeux formée par M. Hector Dupeyron, sous-locataire du Casino municipal de Fécamp en vue d’obtenir l’autorisation de tenir des jeux de hasard dans cet établissement. Pendant huit jours consécutifs, du 2 au 9 juillet, le dossier de l’affaire sera déposé au secrétariat de la mairie où les habitants pourront en prendre connaissance. M. Raymond Rosay, commissaire enquêteur, se tiendra à la disposition des intéressés à la mairie, le samedi 10 juillet, de 9 heures à midi et de 2 à 6 heures, pour recevoir les réclamations.”
Enfin, le 6 juillet :
“On nous annonce pour la 14 juillet l’inauguration et l’ouverture du nouvel et splendide Casino municipal de Fécamp.”
La position de l’établissement est admirable, tout en bordure de la mer, sa disposition judicieuse et parfaite, le plus grand confort est offert, de même que toutes les attractions des premières stations balnéaires. La sélection d’artistes, la plus sérieusement établie, forme une troupe excellente pour les représentations d’opéra-comique et d’opérette, et enfin l’incontestable valeur artistique et administrative du sympathique directeur M. Dupeyron, professeur au Conservatoire National de Musique, qui devrait se produire dans quelques représentations de gala, sont un sûr et précieux garant de la qualité et de l’attrait qu’offriront les représentations et différentes attractions du Casino, aux nombreux étrangers et à la bienveillante population de Fécamp.
M. Dupeyron, soucieux de donner à son casino la renommée qui convient à l’établissement d’une plage de l’importance et de la situation merveilleuse de Fécamp, n’a rien ménagé pour y parvenir. Rien n’a été négligé en vue d’une saison incomparable et afin que la station de Fécamp prenne la meilleure place dans la classification des plages à la mode.
Pas moins de vingt-quatre spectacles lyriques sont prévus, pour une saison qui dure, un peu plus de deux mois ! Et quels spectacles.... qu'en pense le public “encore mondain” ?
La saison précédente s'est déroulée au milieu de difficultés de tous genres Pour l'ouverture de cette saison, l'établissement est.... presque prêt, on parle surtout de la saison lyrique, des comédies ou bals, ainsi que des jeux, qui vont arriver, les “bains de mer” qui sont la vocation première, semblent maintenant, avoir vécu, n'a-t-on pas différé la mise en place d'une piscine, et “oublié” celle des cabines ! Le public populaire pourra profiter des nouvelles installations, hors saison, grâce aux nombreuses manifestations, de charité, qui vont comme par le passé, s'organiser en hiver et au printemps. Puis progressivement, les divertissements deviendront “tout public.”
Source : Journal de Fécamp juillet 1909 - Avec l'aimable autorisation de Durand Imprimeurs