CAMP-FESTIF - Les Bains de Mer
 
Page créée le 5 août 2020

COMMENT UNE FÊTE AURAIT PUT DÉGÉNÉRER EN DRAME !!..
 
      L'ARRIVÉE DE LA DUCHESSE À FÉCAMP :
      Malgré que le mauvais temps n’ait pas permis à la Princesse de jouir parfaitement de l’aspect que présentent les côtes de Normandie. Le Triton a fait son entrée à Fécamp, à trois heures du soir. Madame la duchesse de Berry, a débarqué au bruit de l’artillerie et aux cris réitérés de Vive le Roi, vive Madame la Duchesse de Berry ! Les jetées, les quais et les rues accédant au port étaient couvertes d’une foule innombrable, avide de contempler la mère de notre Henri. (Henri d’Artois, duc de Bordeaux, comte de Chambord, prétendant légitimiste au trône de France sous le nom de “Henri V.”).
     Malgré la pluie violente qui ne cessait de tomber, la garde d’honneur à cheval, la garde d’honneur à pied, et le corps des douanes étaient à leurs postes, dans leur plus belle tenue, depuis neuf heures du matin.
      Le cortège de son Altesse Royale, escorté de la garde d’honneur à cheval, s’est mis en route pour l’Église abbatiale, où l’attendaient le clergé et les autorités de la ville.
     Nous avons, malheureusement peu de détails sur l'itinéraire de ce cortège, qui va traverser la ville. Une ville, qu'un certain 
A. Pihan Delaforestimprimeur du Dauphin, nous décrit dans l'ouvrage qu'il a consacré au : “Premier Voyage de S.A.R. Madame La Duchesse de Berry en Normandie”
   “
Fécamp est bâtie, sur le confluent de deux rivières, de Valmont et de Ganzeville. Cette petite ville reçoit une emprunte de tristesse des collines nues et incultes dont elle est surmontée. Sa forme représente assez bien un F, dont la barre est la chaussée des écluses. Elle n'a que deux rues, la Grande et celle du Marché. Le port est peu fréquenté ; la ruine de son ancien commerce date du moment où la pêche du hareng a cessé d'être abondante sur les côtes de la Manche ..... ” Peu élogieux, dirons-nous !
     Faute de renseignements précis, nous imaginons, que partant de l'unique quai, actuellement Grand quai situé sur l'ilôt du même nom, il va s'engager rue de Mer, et rejoindre la rue aux Juifs, (Felix Faure) par la rue Petite Croix, traverser la place du Vieux-Marché (Charles De Gaulle), rue du Vieux-Marché (Alexandre Legros), place du Bail, puis rue du Bail (André-Paul Leroux). pour arriver sur la parvis de l'Église Abbatiale.
      
 La pluie continuelle, qui avait redoublé d’intensité depuis deux heures du soir (une heure avant l'arrivée du Triton alimentant les eaux toujours plus croissantes, qui arrivaient dès lors, au moyeu des voitures, sur la place et la rue du Bail ; va venir contrarier ce projet !
         Pour cause, le canal du Martinet, qui traverse la partie, où se réunissent les routes royales du Havre à Lille, et de Fécamp à Rouen, (intersection des rues actuelles du Val-aux-Clercs, Alexandre Legros et André-Paul Leroux) n’avait pu suffire au torrent qui descendait avec furie de la vallée.
       La chute des murs des jardins, l’amas de fourrages entassés dans les champs, n’avaient que trop malheureusement offert une digue impuissante au torrent ; les eaux, étendues en nappes effrayantes dans tout le fond du Val-aux-Clercs, l’avaient bientôt franchi. Les maisons du Bail, remplies d’eau, menaçaient de crouler sur leurs habitants effrayés.

    Continuer d'avancer, par l'itinéraire prévu, pour se rendre à la réception des officiels, devenait dangereux, pour tous !
     
On prit donc la sage décision d’éviter ce secteur, tout nous porte à croire que pour l'éviter, arrivés au bout de la rue de Mer au lieu de s'engager, par la droite, rue de la Petite Croix, le cortège  s'engageât à gauche, dans la rue Saint-Étienne, contournant l'Église et le marché jusqu'à la place du Carreau pour prendre la direction de l'Église Abbatiale par la rue du Marché (Jacques Huet).
     Son Altesse Royale, escortée par la garde d’honneur à cheval, pu ainsi, traverser la ville au pas, sans encombre, pour se rendre jusqu’à l’Église, où lui était réservé une visite détaillée de toutes les parties.

      Elle put remarquer, que l'église Abbatiale de Fécamp, moins riche par les diverses restaurations qu'elle a subies, que par les débris qu'elle a gardés de sa première existence, est un édifice remarquable. Son vaisseau est vaste et admirablement éclairé. Dans les premières années du XIXe siècle, cette église a perdu son jubé, morceau d'une rare élégance, et qu'on lui a enlevé sous prétexte qu'il dérobait aux yeux des fidèles le cérémonial du saint sacrifice.

     La Princesse a bien voulu se rendre ensuite à l’Hôtel-de-Ville, où M. le préfet du département a obtenu la permission de lui présenter les fonctionnaires publics.
       M. le maire, M. le président du tribunal de commerce, M. le juge-de-paix ont eu l’honneur de complimenter Son Altesse Royale.
     Melle Clouet, fille du premier adjoint, à la tête des demoiselles de la ville, présentées par Mme Leclerc, épouse du maire, ont été admises à offrir à la Princesse une corbeille contenant des produits de l’industrie du pays. Parmi ces jeunes personnes s’en trouvaient huit portant le bonnet de cauchoise. Cette coiffure, à la fois élégante et noble, parut beaucoup plaire à son Altesse Royale.
     Madame Leclerc a présenté son jeune fils à Mme la Duchesse de Berry. L’enfant lui a offert une couronne d’immortels pour Mgr le duc de Bordeaux. Cet à-propos est heureux, a dit la Princesse ; voilà bien la taille et l’âge de mon fils, et elle a daigné embrasser l’enfant qui rappelait à son cœur de si doux souvenirs.
      À quatre heures et demie, Mme la duchesse de Berry a continué sa route pour Dieppe.
     Pendant ce temps, les torrents d’eau, avaient heureusement forcé leur passage à travers les murs et issues de derrière, (on y percera par la suite la rue de l'Inondation) et tout a été miraculeusement sauvé. Fort heureusement, on n’eut à regretter la perte d’aucun individu ; mais cet événement a jeté tout le quartier du Bail dans la consternation.

 
Cette page a été composée à partir du Journal de Rouen du 2 août 1824 - Archives Départementales de la Seine-Maritime 
de l'ouvrage : Premier Voyage de S.A.R. Madame La Duchesse de Berry en Normandie” - Gallica, site de la B.N.F.
Gravures composées avec les planches du Cadastre Napoléonien de 1830 - Archives Départementales de la Seine-Maritime.
 

                                                                                                                                                                                                                                                                                         
 
                                                                                                                                                                         Ou Retour aux Bains de mer