CAMP-FESTIF - Les GRANDS ÉVÉNEMENTS
    Page créée le 17 mars 2018


LETTRE DE SON ÉMINENCE LE CARDINAL DUBOIS

ARCHEVÊQUE DE ROUEN, PRIMAT DE NORMANDIE

ORDONNANT un TE DEUM à l'occasion de la signature de l'Armistice

     Gloire à Dieu ! Ce cri d'actions de grâces jaillit de notre cœur à l'annonce de l'armistice qui consacre — en attendant la paix — le triomphe des armées françaises et alliées. Oui, gloire à Dieu ! Plus d'une fois, au cours de cette longue guerre, sa Providence nous a protégés et sauvés. Nous avons traversé des jours sombres ; mais pleins de confiance, nous attendions l'heure de sa miséricorde et de notre victoire. Cette heure a sonné, enfin, annoncée à la France entière par le son joyeux des cloches et la voix puissante du canon. De quelle émotion ont alors vibré nos âmes fières, apaisées et reconnaissantes ! Nos prières ont été exaucées. Vous souvient-il que depuis le jour des supplications nationales, nos armées n'ont pas subi d'échec ? Notre horizon s'est éclairci par des succès ininterrompus jusqu'au plein épanouissement de la victoire présente et définitive. Oui, gloire à Dieu ! Gloire au Sacré-Cœur ! Gloire à Notre-Dame de France ! Gloire à Jeanne d'Arc ! Mais aussi gloire aux armées françaises et aux armées alliées ! Honneur à ces vaillants qui ont défendu, au prix de quels efforts et de quels sacrifices, la cause sainte de la justice et du droit ! Tous sont associés dans notre immense gratitude. Mais la première place — et qui s'en étonnerait ? — revient à nos chers soldats, si braves et si tenaces, à leurs officiers, si valeureux, et avant tous au maréchal Foch, grand homme de guerre autant que bon chrétien : par lui Dieu a fait de grandes choses.

     D'autres encore, par leur énergie et leur travail ont puissamment contribué à l'œuvre de la défense nationale : promoteurs de l'unité de commandement, artisans d'une union féconde de tous les citoyens devant l'ennemi, inspirateurs énergiques d'une confiance à toute épreuve, eux aussi, ils ont bien mérité de la Patrie. Honneur à eux ! Et maintenant tournant nos regards et nos cœurs vers les champs de bataille et vers les cimetières, nous adressons aux glorieux soldats tombés pour leur pays, nos hommages émus et nous prions pour eux. Ceux-là sont vainqueurs aussi, mais dans la mort. Ils n'ont pas vu se lever la moisson de gloire arrosée de leur sang, mais Dieu, qui leur a donné la force de se sacrifier et de mourir pour la Patrie, leur donne part aussi, nous l'espérons, à notre joie et au triomphe de la France. Voici donc l'aurore d'une paix « juste et durable » — de cette paix que le Saint-Père n'a cessé de désirer et de réclamer, et dont, le premier de tous, il a mis en pleine lumière les principes et les conditions pratiques. Hier encore, il en saluait l'avènement prochain, espérant voir bientôt renaître sur le monde, avec la victoire du droit, le règne de la charité chrétienne. C'est aussi notre vœu le plus intime. Puisse-t-il se réaliser au plus tôt en notre chère France ! Dieu a favorisé nos armes ; il faut qu'il règne désormais chez nous — dans nos institutions, dans nos lois, dans nos mœurs, dans nos familles, dans notre vie individuelle. 0 la belle victoire celle-là, qui remettrait au front glorieux de la France l'auréole de la Fille aînée de l'Eglise, respectueuse des droits-de Dieu et fidèle à sa mission traditionnelle ! Ce jour-là, plus beaux que jamais, se renouvelleraient dans le monde les gestes de Dieu par les Francs. A CES CAUSES, Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

     ARTICLE 1er
    Pour célébrer par des actions de grâces la conclusion de l'armistice, un Te Deum solennel sera chanté dans toutes les églises et chapelles du diocèse, le Dimanche 17 Novembre, au salut du Saint Sacrement. Cette cérémonie aura lieu à la Cathédrale à 5 heures. Nous y convoquons toutes les autorités civiles et militaires. Toutes les cloches sonneront en volée pendant le chant du Te Deum.

     ARTICLE 2
     Un Te Deum présidé par nous sera chanté en l'église Notre-Dame de Bonsecours, le dimanche 24 novembre, à 3 heures.

     ARTICLE 3
     À partir du jour de la présente lettre, les prêtres célébrant dans le diocèse réciteront à la messe, au lieu des oraisons tempore belli, les oraisons pro pace. Donné à Rouen le 11 novembre 1918, en la fête de saint Martin, l'un des Saints Patrons de la France. 

Louis, Cardinal DUBOIS, Archevêque de Rouen   

Source : Bulletin religieux de l'Archidiocièse de Rouen n° 46 - Gallica site de la B.N.F      

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