CAMP-FESTIF -
Page créée le 22 février 2018
 

     Journal de Fécamp 26 août 1935

 

Favorisées par un temps splendide, les “Ailes Fécampoises”
 Donnent leur premier Meeting en présence de 7 000 spectateurs

 

     La journée de samedi : Préliminaires 

 

     - On en a voulu, en voilà !
 

     Combien de fois cette courte phrase fut-elle prononcée en ce samedi 24 août, dans le monde des agriculteurs, en conclusion de cette pluie, pour eux bienvenue, pour bien d’autres désespérante ?
 

     Dans toutes les conversations, le temps tenait la place principale. Chez les commerçants, dans les groupes, chez soi, c’était le : - Mais quel vilain temps. Pourvu qu’il fasse beau demain !
 

     Demain c’était dimanche et pour nous autres fécampois, c’était aussi le meeting d’aviation. Que de fois les oreilles des organisateurs de la fête aérienne ont-elles dû entendre le même refrain ? : - Ah ! vraiment, vous n’avez pas de chance.
 

     Et sans arrêt, la pluie tombait, rageuse, tenace… abondante, hélas ! Hélas ? Peut-être pas de l’avis unanime. En effet, quelqu’un ne jugeait-il pas la situation ainsi : - Laissez donc. Plus il en tombera aujourd’hui, moins il en restera pour demain. C.Q.F.D.

 

     Il avait été annoncé que l’après-midi de ce samedi verrait l’arrivée d’une escadrille, dont les pilotes iraient survoler Etretat, pour jeter des fleurs sur le monument Nungesser-et-Coli.
 

     Naturellement, on se montrait depuis le matin très sceptique. Les coups de téléphones se croisaient entre club dirigeant et aviateurs. Avec eux, M. Jean Huguet, secrétaire général des “Ailes fécampoises”, parti le vendredi pour Compiègne, prendre possession de son “zingue”, n’était pas le moins désespéré.
 

     À l’autre bout du fil, à Fécamp, le président, M. Lacombe, et le trésorier général, M. Berthelot, enregistraient les messages plus ou moins laconiques :

- Plafond bouché. Impossible de passer. Ou si l’on préfère : Circonstances atmosphériques défavorables.

 

     Pourtant, un peu avant 15 heures, l’espoir renaissait. Le ciel s’était éclairci. La pluie avait cessé…

 

     À 15 h. 20, enfin des pétarades annonçaient l’arrivée d’un appareil. Tout le monde se précipite aux fenêtres ou dans la rue. Là-haut, un superbe monoplan à fuselage nickelé, ailes jaunes et rouge, exécute des looping, vols sur tranche, reversements, vols sur le dos. Tout le monde a sur les lèvres le nom de Cavalli.
 

     C’est lui en effet. C’est l’acrobate don on nous a tant vanté les exploits. Bondissant dans leurs voitures, les officiels filent en quatrième vers le terrain pour y recevoir l’aviateur. Cavalli, souriant, répond gentiment aux marques de sympathie qui lui sont données. Il parait de plus très satisfait d’avoir occasionné quelque frayeur chez certains, en les rasant de très près lors de son arrivée au sol… Mais quelle manœuvre impeccable !


     À 16 h. 10, un second appareil survient. C’est Léon Molon, le pilote havrais bien connu.

 

     Maintenant, on attend…. Les autres. On en profite pour examiner les avions. Celui de Cavalli est l’objet d’une attention particulière. On cause de la fête du lendemain. On veut connaître les projets de Cavalli. - pour l’avenir, nous dit-il, rien n’est encore définitivement décidé. Je suis en pourparlers en vue de compétitions au Danemark et au Portugal.

 

     Léon Molon nous fait ses adieux… jusqu’au lendemain pour rejoindre Le Havre. Il décolle à 17 h. 40 et avant de nous quitter, vient faire un petit tour amical au-dessus de nos têtes. Ce brave Molon. Toujours le même.

 

     Et l’on attend toujours les autres. Car le programme prévoit le survol d’Étretat. A 19 heures, rien de nouveau ne s’est produit. Le pèlerinage n’aura pas lieu aujourd’hui.
 

     On apprend seulement que nos amis Huguet et Guérin ont quitté Compiègne à 17 h. 40. À 19 h. 45, tous deux apparaissent. Avions modernes, moteurs silencieux. Ils sont suivis de Bilger qui, avec son biplan, exécute quelques chandelles.
 

     Atterrissages parfaits. Poignées de main. Le ciel est clair. Il fera beau demain. Allons, tout est pour le mieux.