Quelques mots sur le Régime, et les personnes :
La France en 1824, est sous le règne de Louis XVIII - Dynastie des Bourbons, frère de Louis XVI – il a été sacré roi après la chute de Napoléon 1er, en 1815, il est décédé, après 9 ans et 2 mois de pouvoir, le 16 septembre 1824. Son frère Charles-Philippe de France, dernier fils de Louis XVI lui succède, il est sacré roi sous le nom de Charles X, le 29 mai 1825 et va régner 5 ans et 10 mois, renversé le 2 août 1830 par une révolution.
Marie Caroline Ferdinande Louise de Bourbon, princesse des Deux-Siciles, est née le 5 novembre 1798 à Caserte (Naples), plus connue sous son titre de Duchesse de Berry, par son union avec Charles Ferdinand d’Artois, duc de Berry, second fils du roi Charles X de France.
Le couple, eu quatre enfants, dont deux seulement survécurent au-delà des premiers jours : Louise Marie Thérèse d’Artois leur troisième enfant, née à Paris le 21 septembre 1819, fut appelée Mademoiselle et titrée comtesse de Rosny en 1830. Henri d’Artois, duc de Bordeaux, comte de Chambord, (prétendant légitimiste au trône de France sous le nom de “Henri V.”), surnommé “l’enfant du miracle”, est né au palais des Tuileries à Paris, le 29 septembre 1820. Né sept mois après la mort de son père, assassiné le 13 février 1820, par Louvel d'un coup de couteau alors qu'il raccompagnait sa femme à sa voiture devant l’Académie royale de musique à Paris.
C’est après l'assassinat de son mari, que la duchesse de Berry, veuve à 22 ans, s'est installée aux Tuileries. Elle avait un tempérament assez opposé à celui de sa belle-sœur et cousine l'austère duchesse d’Angoulême, son aînée de vingt ans, qui avait supporté des souffrances que la jeune Marie-Caroline n'avait pas connues étant née après la Terreur ; elle était peu attachée à l'étiquette, aimait recevoir, et était très sensible à la mode.
Le premier voyage de la Duchesse en Normandie :
Le 20 juillet 1824, M. le baron de Vanssay, préfet du département de la Seine-Inférieure fit publier la proclamation suivante :
Habitants de la Seine-Inférieure, l'auguste fille de nos Rois sera bientôt au milieu de vous. S. A. R. Madame la duchesse de Berry vient visiter ce département.
Par un effet de cette bonté qui n'appartient qu'aux Bourbons, la Princesse désire se soustraire aux honneurs publics qu'il était du devoir des autorités de lui offrir, et que nous aurions tous été heureux de lui rendre. Nous obéirons à ses ordres ; mais ce qu'il ne serait pas en notre pouvoir et ce qui ne saurait être dans nos intentions d'arrêter, c'est l'élan de vos cœurs et l'expression des sentiments que vous inspirera sa présence. Livrez-vous donc sans réserve à la joie que va exciter ce fortuné moment.
Loyaux et fidèles Normands, environnez de vos respects et de votre amour la mère de votre nouvel Henri, de l'enfant que Dieu nous a donné ; qu'elle entende aujourd'hui le même concours d'acclamations qui éclata autrefois parmi vos ancêtres, à l'aspect de François Ier, de Henri IV, de Louis-le-Grand, du magnanime et bienfaisant Louis XVI, lorsqu'ils voulurent eux-mêmes venir présider à la fondation de ces villes et à la création de ces établissements qui font maintenant la richesse et la prospérité de votre belle province ! “Vive le Roi ! vive S. A. R. Madame la duchesse de Berry ! vivent les Bourbons !”
S. A. R. Madame la duchesse de Berry partit pour Rouen le 22 juillet ; une fois parvenue sur le territoire du département, sa marche prit l'apparence d'une véritable solennité. Les maires, les fonctionnaires publics et les habitants du canton de Boos, où commence le département, s'étaient portés à la rencontre de la Princesse. Des arcs de triomphe, des trophées ornés de feuillage, de fleurs et d'inscriptions diverses, avaient été élevés de toutes parts en l'honneur de S. A. R.
Nous passons sur les détails de ce voyage qui va durer un mois, disons simplement, que Rouen et sa région, sont le point de départ de son périple, où elle va visiter les industries locales, et s'imprégner de la culture régionale. Ce fut ensuite Le Havre et Honfleur, où elle se rendit, le 29 juillet à bord du bateau à vapeur le Triton, qui va tous les jours du Havre à Honfleur. C'est une petite excursion qu'il est rare de ne point faire voir, aux voyageurs qui viennent au Havre, cette traversée est de quatre lieues, et s'effectue ordinairement dans l'espace d'une heure.
Elle va ensuite continuer vers Dieppe, et c'est à sa demande que son voyage va se poursuivre en partie par la mer. Elle part du Havre le 30 juillet au matin sur le Triton, jusqu'à Fécamp, où elle est attendue pour une courte visite, après qu'elle eut pu admirer de la mer, la côte d'Etretat à Yport.
Le temps exécrable, n'a pas permis de jouir pleinement de ce programme, on eut même à craindre, ainsi que nous allons le voir plus loin, pour sa sécurité. ! Mais, les autorités fécampoises, ont eu heureusement, le bon réflexe au bon moment, et l'on a pu poursuivre le voyage par la route, pour Dieppe.
Ce n'est que le 3 août, le temps s'y était opposé jusqu'à ce jour, qu'elle pût envisager, prendre les bains de mer, objet de son voyage, l'atmosphère, étant devenue plus sereine, elle se rendit sur la plage, et pour la première fois, descendit dans la mer. M. Mourgué, médecin en chef des bains, ne voulut céder à personne le soin d'accompagner la Princesse ; et, après avoir revêtu l'habit de baigneur, il eut l'honneur de la conduire et de l'exposer à la vague pendant l'espace d'environ huit minutes.
Par la suite, la Duchesse, qui aimait s'éloigner assez souvent de la capitale, va réitérer, ses séjours à Dieppe, au moins, jusqu'à la destitution, à la suite des trois glorieuses, de son beau-père Charles X, qu'elle accompagnât en exil, en Angleterre, elle vécut à Bath et au palais de Holyrood en Ecosse......
Concluons en disant qu'elle eut un rôle non négligeable dans le lancement en France de la vogue venue d'Angleterre des bains de mer, en particulier à Boulogne-sur-Mer et Dieppe. Elle pratiquait volontiers ce loisir à la belle saison, popularisant cette pratique, auprès de la cours royale et la bourgeoisie française. Elle appréciait également les promenades en mer et possédait un bateau, Le Furet, dédié à cet effet.
Cette page a été composée à partir de l'ouvrage :
Premier Voyage de S.A.R. Madame La Duchesse de Berry en Normandie” - Gallica, site de la B.N.F.
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