Nous sommes arrivés maintenant à la moitié du cortège. C’était la place tout indiquée de la voiture du Comité directeur, prêtée par M. Rouen, garnie par M. Mail, où avaient pris place MM. Jouette, Charpentier et Pencaldi, qui établissaient ainsi la liaison entre les deux groupes.
La Fanfare des Loges, notre proche voisine, toujours disposée à répondre aux appels de son chef-lieu de canton, annonçait le Quartier du Centre. La Voiture du Comité, où avait pris place le président, M. Lapel, avait été mise à sa disposition par M. Letellier et décorée par M. Mail. Le Char du Roi et de ses bouffons, présentés par M. Rocquelay, était tout à fait comique et bien dans sa note, avec le paisible animal qui le véhiculait. Il amusa beaucoup.
La Cueillette, panier de Nice de MM. Argentin et Arcangioli, attira aussi l’attention. L’ensemble était vraiment charmant, et M. Fernand Vauchel, qui l’avait décoré, avait donné une fois de plus une preuve de son talent aussi original que sûr de lui-même.
Le Char de la Reine s’avançait ensuite, retenant l’attention par sa grandeur majestueuse. De nombreux gradins, fleuris par M. Mail et recouverts de tapis par M. Pimont, accédaient à un trône élevé, où siégeait la Reine, Melle Raymonde Bertin, et ses demoiselles d’honneur, Mlles Annette Delassise et Marie-Louise Barbay. M. Laperdrix avait tracé le plan de cet ensemble imposant, et M. Hariel s’était chargé de l’exécution.
Remarqué, à la suite de ces chars, la superbe Peugeot de M. Harrison, et conduite par deux charmantes jeunes filles tout en blanc, Mlles Lefrançois du Havre et Harrison ; et le navire-trottinette, garni de fleurs, de M. Lachèvre fils.
La reine et les demoiselles d’honneur étaient habillées par les soins de la Maison Maréchal, rue Ch.-lLe-Borgne. Le Quartier du Port fermait la marche, entrainé par la Renaissance de Montivilliers, qu’accompagnait M. Henri Pain.
Dans la voiture fleurie du comité, avaient pris place : MM. Ch. Merrienne, Beux et Lebrun.
Naturellement le motif des principaux sujets des chars du Quartier du Port ne pouvait que se rapporter à la mer. C’est ainsi qu’en premier lieu on voyait le Sous-Marin Saint-Michel, monté par les enfants de l’Orphelinat du même nom, et par une gentille fillette costumée en “gars de la Marine”. Ce groupe était très gentil et nous nous sommes laissé dire qu’il avait recueilli de fructueuses oboles.
Le Rosier du Bout-Menteux, création de MM. Fernand Toutain et Jacques Déneuve, ce dernier incarnant le personnage, rappelle en passant que l’humour est en honneur chez notre population maritime, comme aussi l’amour de la terre, qui ne leur fait pas oublier totalement la “grande bleue” ainsi que le prouve le magnifique Coquelicot, réalisé par MM. Victor Lefebvre et Lechartier. La Reine, Melle Emilienne Dufeu, et ses demoiselles d’honneur, Mlles Fernande Bocquain et Simone Marie, avaient devant les yeux un paysage qui leur était familier, puisque le char qui les portait était une image fidèle de la jetée. Le phare tournant lui-même n’avait pas été oublié, non plus que les bouées de sauvetage et les mats signalisateurs. M. Marcel Cordonnier, qui avait conçu cette idée, dont la réalisation fut faite par M. Georges Argentin, a été heureusement inspiré. C’était tout à fait couleur locale.
D’aimables petits parisiens en villégiature à Fécamp, faisaient escorte à la reine, avec leur bicyclettes, trottinettes et voiturettes gentiment ornées.
Comme on le voit, rien ne laissait à désirer. Tout était à souhait, et la population toute entière se félicitait du succès remporté par la Société des Fêtes et applaudissait à la jeunesse charmante des reines et des demoiselles d’honneur, vraiment délicieuses dans le gracieux sourire et l’aimable salut qu’elles adressaient à leurs sujets d’un jour.
Et à l’arrêt du Casino, au moment de l’élection de Melle Odette Lethuillier, du quartier de l’Hôtel-de-Ville, comme Reine de Fécamp, M. Jouette et M. Merienne purent, avec juste raison, se féliciter de la belle réussite de la journée.
Ajoutons que l’étendard aux armes de la ville, qui fut remis à la Reine de Fécamp, comme marque de dignité, avait été offert par M. Couturier, et était l’œuvre de l’artiste habile qu’est M. Marcel Debris.
La fête se continua fort tard dans la soirée. Au Casino, un bal, comme de longtemps il n’en avait été vu, réunissait une foule innombrable de danseurs et de danseuses qui par un miracle de bonne volonté, trouvaient moyen de se livrer à leur ébats chorégraphiques, entrainés par le P’tit Super-Jazz
En ville, les principales rues étaient resplendissantes de lumière électrique. Au quartier des Hallettes, en particulier, où un bal populaire était organisé, les commerçants avaient illuminé et décoré leurs devantures. Citons, parmi celles-ci, le moulin de la “galette” de l’épicerie-café Aubé.
Et maintenant, il ne reste plus qu’à féliciter de leur initiayive les membres du Comité directeur de la Société commerciales des Fêtes, MM. Charpentier, Pancaldi, Merienne, Simonin, A. Pain, Ch. Mail et Lanquetuit, et d’une façon spéciale, son dévoué président qui depuis plus de 35 ans est l’âme de toutes nos grandes réjouissances, M. Jouette, toujours plein d’entrain et dont l’activité s’est dépensée sans compter, non seulement pendant le jour de fête, mais durant toute sa préparation.
Nous n’aurons garde aussi d’oublier les comités de quartier, qui assurèrent l’exécution matérielle de tous les détails.
Que MM. C. Merrienne, L. Monnier, R. Lanoës, Beux, Lechartier, pour le comité du Port ; MM. Lapel, Faucon, Laperdrix, Delaunay, Caumont, pour le centre ; MM. R. Vaquin, Kœnig, Marchand, Duval, Delauné, Lefebvre, mutel, pour l’Hôtel-de-Ville ; MM. Baudard, Granger, Gillet, Palfray, Legrand, C. Rose, Remy, Briard, pour les Hallettes, reçoivent ici nos remerciements les plus sincères : ils sont amplement mérités.
Nous avons rendu compte, au cours de la semaine, et dans notre régionale de ce jour, de la magnifique fête de dimanche dernier, dont le succès a été complet.
Les meilleurs échos nous parviennent encore, et tout ce que nous pouvons entendre fait honneur à nos actifs concitoyens qui sont à la tête de la Société des Fêtes et des Comités de Quartiers.
Puisque nous revenons sur la Fête des Reines et le cortège fleuri pour donner quelques vues prises pendant que le défilé traversait notre ville, nous tenons à signaler qu’une erreur a déformé un passage de notre compte rendu de mercredi concernant le quartier de l’Hôtel-de-Ville. Les membres du Comité, avons-nous dit, avaient pris place dans une voiture fleurie. Il y avait en réalité deux voitures dont l’une, fleurie par Mme Vaquin, et l’autre par M. Mail.
Ajoutons que le Panier fleuri, qui fut si justement remarqué, avait été imaginé par M. J. Delauné, électricien, et c’est sur le plan habilement dressé par M. Legrand du Cabinet Mauge, que M. Argentin et son personnel ont réalisé le gracieux ensemble digne de servir le trône à la charmante reine de Fécamp.